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Enseignement Supérieur
31/01/2018

L’Université Hassan II mesure la satisfaction de ses étudiants

Enseignement supérieur: L’Université Hassan II mesure la satisfaction de ses étudiants

L’exercice est peu courant, et surtout, courageux. L’Université Hassan II de Casablanca (UH2C) a récemment mesuré la satisfaction de ses quelque 100.000 étudiants. Deux de ses laboratoires ont sondé l’avis de 7.479 jeunes (7,5% du total des effectifs) répartis sur 17 établissements, entre mai et juillet 2016. «Notre objectif est de cerner les motifs de satisfaction ou d’insatisfaction, et d’apprécier leur évolution dans le temps afin d’apporter les bonnes solutions», explique le président de l’université, Driss Mansouri.

Sans surprise, le niveau de satisfaction global est très bas. A peine 27,4% des étudiants sont contents de leur établissement (voir tableau). Au-delà des dysfonctionnements, l’institution paie le prix de deux éléments majeurs: la massification effrénée et le manque de moyens humains et financiers.

En effet, les sureffectifs enregistrés dans les établissements à accès ouvert, tels que les facultés de lettres, de droit ou de sciences, là où le plus gros des effectifs se dirige, tire la moyenne de satisfaction vers le bas. La faculté de droit de Casablanca, par exemple, accueille à elle seule 26.000 étudiants, soit près du quart du total des effectifs de l’université.

La problématique est aujourd’hui commune à la majorité des universités. A El Jadida, les facultés de lettres et de sciences comptent 18.000 étudiants, alors que leur capacité d’accueil n’est que de 9.000. C’est aussi le cas à Tanger, où les deux facultés de droit de la région reçoivent plus de 40.000 étudiants, soit près de la moitié des effectifs globaux.

L’Université Hassan II souffre, par ailleurs, du manque de moyens. La subvention annuelle reçue (environs 200 millions de DH) reste en deçà de ses besoins. Elle réalise une centaine de millions de DH de recettes propres par an. Cependant, cela ne lui permet pas non plus de répondre à tous ses défis. «Nous pourrions réaliser des recettes encore plus importantes, mais faute d’autonomie financière, nous sommes limités. Nous ne pouvons malheureusement fonctionner comme une vraie entreprise», regrette Mansouri.

Par rubrique, la formation & organisation des études et l’encadrement pédagogique recueillent les plus forts taux de satisfaction, avec respectivement 42% et 38,8%. Certains établissements se distinguent sur ces aspects. C’est le cas de l’Enset (Ecole normale supérieure de l’enseignement technique), qui arrive première en matière de formation & organisation des études, avec une part de 64,7% d’étudiants satisfaits. Elle est suivie de l’ENCG, avec un taux de 61,2%. L’ENCG  est première au niveau des neuf autres rubriques.

 

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Le taux de satisfaction des étudiants est certes très bas. Néanmoins, il a gagné plus de 6 points en 5 ans. Le contexte de 2016 est particulier, puisque l’étude intervient après la fusion des universités de Casablanca et de Mohammedia. La faculté de droit (FSJES) de Casablanca est la plus mal notée, mais son appréciation est stable. Contrairement aux facultés de médecine & pharmacie et de médecine dentaire qui ont perdu 12 points chacune

L’enquête a, par ailleurs, démontré la très faible performance des établissements en matière d’administration, de stages et d’insertion professionnelle & entrepreneuriat. Ce sont là les plus grands motifs de mécontentement. La vie étudiante semble aussi bien triste, avec plus des trois quarts des étudiants insatisfaits (90% à la faculté de droit de Casablanca et à celle des sciences de Ben M’sik). 

Certains services sont encore plus décriés. Comme l’accès à internet, qui n’est apprécié que par 14,8% des étudiants, ou encore la restauration et cafétéria (18,8%). Les équipements de laboratoire et l’assistance dans la recherche d’emploi sont les plus critiqués, avec des taux de satisfaction respectifs de 13,5% et de 13,2%.

Un étudiant sur cinq souhaite quitter le Maroc

L’université a profité du sondage pour demander aux étudiants leurs projets d’avenir. Plus du tiers (36%) souhaitent devenir fonctionnaires. La tendance est particulièrement prononcée parmi ceux des facultés des lettres de Aïn Chock (46,6%), de Ben M’sik (42,8%), et de l’ENS (46,7%). Seulement 19,3% veulent s’orienter vers le secteur privé.

Pourtant, le privé assure 9 emplois sur 10 au Maroc, contre un sur dix pour le public. Par ailleurs, 19,1% projettent de s’expatrier, notamment parmi les ingénieurs. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, chaque année, 18% des cadres formés quittent le Maroc. L’hémorragie n’est donc pas près de s’arrêter.

Par ailleurs, 14,9% prévoient le lancer leur propre projet, une part plutôt importante. C’est ce qui a poussé l’université à investir dans des projets d’entrepreneuriat. A l’instar de l’entrepreneurship centrer, récemment lancé à Casablanca. L’université a, par ailleurs, adhéré au programme européen Saleem, destiné à mettre en place un dispositif national officiel d’étudiants-entrepreneurs.
Un budget annuel d’un million de DH a, en outre, été mobilisé pour la création d’incubateurs d’entreprises.
Enfin, 5,5% des étudiants comptent rejoindre un projet familial et 5,3% une ONG.
L’enquête sera bientôt mise en ligne. L’objectif est d’en faire un baromètre annuel, dans le cadre d’une démarche qualité globale.

SOURCE : L'ECONOMISTE

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